J'en demeure ta création, mais tu n'en représentes uniquement sa déstruction. L'entièreté de mon oeuvre, tu en profites, mais tu ne fais que la dégrader pour des regards insuffisants, et lorsque manquent les sourires attendrissants tu n'en restes pas moins affecté. Mais Laios, tu es craintif et tu fuis, tu ne reconnais ma personne seulement lorsque tu sembles perdre la tienne. Un simple constat paternel m'éloignera d'un parricide symbolique que je commettrais dans le temple de mon âme. Or, tu connais ma faiblesse, tu me connais incapable d'en assumer les conséquences. Père, où es-tu, j'ai éélévé mon propre filq ne voyant guère que je ne créais que mon père. Je me rapproche de toi et seul Dieu nous sépare mais je transperce sa présence transparante pour atteindre la tienne, ton sang coule et dessine des fresques sur ma peau. Admiratif de mon oeuvre je brûle de mon propre sang, craintif d'être toi. Or, tu connaissais bien ma faiblesse, tu m'en pensais incapable d'en reconnaître les conséquences. Mais Laios, me voici, accoplissant tonn rêve qui n'était que la successio de ton propre père. Tu ne parlais pas ma langue, je t'offrais ma rancoeur l'utilisant, ésperant que tu comprennes. Mon père, je ne te trouves plus, t'ai-je vraiment cherché, ai-je détruit ta présence ? J'ai honte, mon père, aucun souvenir ne me vient pour adoucir ce moment, ton corps brun et souffrant s'assèchhe devant moi, ta création, l'issu de ta déstruction. Me voici, perdant le fil de mes mots, perdant la tendresse d'un fils avec son père, la sécurité d'un père avec son fils. Je te vois, mon oeuvre, que tu es incapable de profiter. Peut-être n'attendais-tu que cela, que je devienne ton ennemi, que j'abandonne ma famille. Mon père, je me vois forcé d'abandonner ton corps sur ce chemin, qui était notre destin. Je m'en vais unique et pudique d'un père que j'ai perdu, que j'ai détruit.